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Rencontre avec des intrapreneurs de Startups d’État engagés dans la conception d’un service public numérique


Pour encourager l’intrapreneuriat et la création de services numériques basés sur l’approche beta.gouv.fr et faciliter la mobilité des parcours professionnels au sein du numérique de l’État, la direction interministérielle du numérique (DINUM), en charge de la transformation numérique de l’État est devenu organisme certificateur depuis 2023.

Elle a délivré la certification « Concevoir un service public numérique au sein de l’État » à 21 agents publics exerçant des fonctions variées - intrapreneurs de Startups d’État et engagés dans l’incubateur de services numériques beta.gouv.fr. RDV avec ces intrapreneurs.

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Pierre, Tiphany, Alexandra, Guillaume, Manon, Mathieu, Sandrine, Frédérique, Elodie, Camille, Sophie, … sont des agents publics de terrain, au cœur de la transformation numérique des politiques publiques. En tant qu’intrapreneurs de Startups d’État, ils sont responsables de l’impact du service qu’ils créent avec leur équipe et de son déploiement.

Leur choix de carrière tourné vers l’intrapreneuriat, et le numérique est singulier au sein de l’État, mais pourtant essentiel pour assurer la construction et le déploiement de services numériques de qualité répondant aux besoins de milliers, voire de millions de Français.

Ils ont fait le choix de la certification afin de faire reconnaître leur statut et les compétences acquises à la tête d’une Startup d’État. Rencontre :

Le parcours de Pierre Catala, certifié en 2024

“Militaire et startuper, c’est possible !”

Après un cursus d’ingénieur à l’École Polytechnique, je me suis engagé dans le service public en tant qu’administrateur des Affaires maritimes : un statut de militaire, placé auprès du ministère de la Transition écologique. Aujourd’hui, pour mon premier poste, je suis chef adjoint du Centre d’appui au contrôle de l’environnement marin (CACEM), basé à Étel (56).

La Startup d’État “Monitor”, qui a pour objectif de faciliter le ciblage de la police de l’environnement en mer, était déjà lancée quand j’ai pris mes fonctions. J’ai récupéré le rôle d’intrapreneur, suite au départ de la cheffe du centre. Ça a été une découverte passionnante, mais aussi un sacré challenge de cumuler cette mission singulière, mon poste au CACEM et mes fonctions de garde au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS).

Quand on devient intrapreneur (et à plus forte raison en cours de route), on est mécaniquement la personne la moins formée de son équipe : les méthodes de travail utilisées en start-up (agile, kanban…) sont pour la plupart étrangères à nos parcours classiques de fonctionnaires et donc de nos formations. C’est assez difficile de se sentir légitime dans ce contexte ! La certification est pour moi un moyen de gagner à la fois en compétences et en assurance dans ce rôle, mais aussi de valoriser cette expérience unique et plutôt méconnue au sein de l’administration.

Le parcours de Tiphany Genin, certifiée en 2024

“Le vent m’a poussée jusqu’à l’intraprenariat”

Avant de rejoindre le ministère de l’Énergie, j’ai travaillé pendant trois ans et demi au ministère chargé des Transports sur la performance environnementale des transports routiers. Aujourd’hui, en plus de concevoir et mettre en œuvre la politique publique liée au développement de l’éolien terrestre en France, je suis depuis mars 2023 intrapreneuse de la plateforme numérique “Potentiel”. Un portail de gestion des lauréats des appels d’offres éolien terrestre et photovoltaïque.

J’ai repris la gestion de Potentiel pour remplacer l’ancienne intrapreneuse partie en congé maternité. Ce qui devait être une mission temporaire a finalement duré, car je me suis tout de suite sentie bien intégrée dans l’écosystème beta.gouv et à l’aise dans l’intraprenariat !

Avec la certification, cela me permet d’obtenir une reconnaissance pour tout le travail accompli depuis deux ans et de faire valoir mes compétences nouvellement acquises auprès de mon employeur actuel (et des futurs !). Grâce à cela, j’ai pu obtenir un changement de poste et je suis persuadée que les compétences de management et de gestion de projet numérique acquises grâce à l’intraprenariat sont des atouts considérables pour la performance de la fonction publique.

Le parcours de Vanessa Barbosa, certifiée en 2023

“L’intrapreneuriat dans la Fonction Publique Territoriale, c’est possible !”

Depuis près de 15 ans, j’évolue au sein d’une collectivité, d’abord en qualité d’assistante à la direction générale, puis en tant que chargée de communication. Ces postes m’ont permis d’acquérir une vision transverse de l’activité des services. Animée par un souci d’amélioration de l’efficacité des actions conduites, et convaincue du potentiel de la transformation numérique dans les services publics, je contribue, depuis 2020, à la modernisation et la transformation numérique de la collectivité du Grand Autunois Morvan.

En 2021, la collectivité a bénéficié du programme national d’investigation porté par l’incubateur des territoires de l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) pour la construction de la Startup d’État “Mon Suivi Social”. Motivée par le challenge, la méthode et les enjeux de cette mission, j’ai, dès lors intégré l’écosystème beta.gouv.fr en tant qu’intrapreneuse.

L’intrapreneuriat constitue, entre autres, une occasion exceptionnelle de développement des compétences. En qualité de fonctionnaire, les examens professionnels et concours représentent la voie principale pour valoriser son parcours. Mais de mon point de vue, ces derniers ne sont pas pleinement adaptés à la filière numérique qui combine à la fois des aspects « administratifs » et « techniques ». La possibilité de valider un socle de connaissances par le biais d’une certification reconnue est très valorisante.

Le parcours de Alexandra Oujebbour, certifiée en 2024

“De conseillère en agence France Travail à femme de la tech !”

Après avoir longtemps cherché ma voie dans ma jeunesse, c’est par hasard que j’ai rejoint la caisse d’allocations familiales (CAF) comme agent d’accueil, une expérience qui a révélé ma vocation. Elle m’a conduit à un congé individuel de formation (CIF) grâce auquel je suis devenue conseillère en insertion professionnelle. En mars 2012, j’ai intégré France Travail, occupant divers postes en agence (accompagnement, indemnisation…). Puis il y a trois ans, j’ai rejoint l’incubateur France Travail et, depuis, je simplifie l’accès aux droits pour tous. C’est une mission qui me passionne !

Lorsque j’étais conseillère, j’ai participé à un challenge Intrapreneur, ce qui m’a naturellement conduit à m’intéresser aux Startups d’État, notamment au simulateur “Estime Reprise d’Emploi”. Curieuse d’en apprendre davantage, j’ai échangé avec l’équipe, avec laquelle le contact est immédiatement bien passé. Cet échange a mené à mon recrutement en tant qu’ambassadrice métier sur ce produit. Par la suite, nous avons développé son « petit frère » “Mes Ressources Formation” et j’ai naturellement évolué vers le poste de co-Product Manager.

J’ai pu prendre pleinement conscience des compétences développées depuis que je suis à l’incubateur France Travail. Obtenir cette certification est une reconnaissance précieuse qui m’aide à dépasser le syndrome de l’imposteur et à envisager mon avenir différemment. Au-delà de l’aspect personnel, elle valorise aussi notre produit et notre équipe. Elle atteste de notre capacité à comprendre les besoins des utilisateurs et à travailler avec une véritable démarche produit, centrée sur l’expérience et l’impact.

Le parcours de Agathe Latreille, certifiée en 2024

“De conseillère à l’emploi à intrapreneuse sociale du numérique !”

J’ai débuté comme conseillère à France Travail, au plus près des réalités de l’insertion. Ensuite, j’ai rejoint des Startups d’État pour déployer “La Bonne Boite” et co-créer “La Bonne Alternance”. Afin d’aider des professionnels du secteur, j’ai conçu des outils comme “La Communauté de l’inclusion”, “Dora” et “data.inclusion”, qui facilitent l’accès aux solutions existantes et simplifient le quotidien des accompagnateurs.

Mon arrivée au sein de l’écosystème beta.gouv.fr est parti d’une rencontre. En 2017, Eric Barthelemy, intrapreneur chez beta.gouv.fr, m’a proposé de déployer “La Bonne Boite”. J’ai adoré cette approche pragmatique et centrée sur l’impact ! L’envie de porter un projet à mon tour s’est vite imposée. Je suis donc devenue intrapreneuse, avec l’objectif de créer des solutions utiles et concrètes pour ceux qui accompagnent les citoyens.

Rejoindre beta.gouv.fr, c’était plonger dans un univers totalement nouveau : méthodes agiles, travail en équipe pluridisciplinaire, expérimentation rapide. J’ai appris énormément de choses depuis que je fais partie de cette communauté. Cette certification, c’est une reconnaissance : elle valide tout ce parcours et valorise l’expertise que j’ai acquise au fil des projets, tout en m’ouvrant de nouvelles perspectives.

Le parcours de Guillaume Rossman, certifié en 2024

“De l’inspection de terrain à l’innovation publique pour les consommateurs”

Inspecteur de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) depuis 2017, spécialisé dans le contrôle de la loyauté des transactions et la sécurité des produits, j’ai d’abord exercé sur le terrain. En 2020, j’ai rejoint “SignalConso” comme chef de projet pour améliorer et structurer l’outil au service des consommateurs, des professionnels et des agents de la DGCCRF.

Mon expertise métier m’a amené à adapter l’outil aux réalités du terrain et aux besoins des agents. L’approche Startup d’État m’a permis d’explorer de nouvelles méthodes de travail tout en assurant l’intégration et la pérennisation du projet au sein de l’administration.

La certification m’a permis de valoriser mes compétences développées dans le numérique et l’innovation publique. C’est aussi un moyen de mieux faire connaître ces expertises en interne et de contribuer à l’évolution des outils numériques au service de la mission de la DGCCRF.

Le parcours de Manon Galle, certifiée en 2024

“Grâce à l’intraprenariat, j’ai renoué avec ma vocation en rendant un service public adapté aux besoins des usagers”

Juriste de formation, j’ai exercé dans plusieurs collectivités. D’abord en tant que chargée de mission projet culturel dans une ville, collaboratrice d’élus en métropole et enfin directrice générale des services d’une commune. Cette dernière expérience a été un déclic pour moi. À mon arrivée, rien n’était dématérialisé (dossiers annotés à la main, courriers scannés en PDF, agendas papier) et les agents ne disposaient d’aucun outil numérique souverain, libre et sécurisé pour travailler. Passionnée d’innovation publique, de design de service et de numérique, j’ai pris la décision de prendre une disponibilité pour apprendre à coder sur le web. Grâce à cela, j’ai pu me lancer dans l’aventure d’intrapreneuse à l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) pour piloter le développement de produits numériques pour les collectivités territoriales.

Au moment où j’étais confrontée à des circulaires papier venues de différents services et à de multiples plateformes des différents financeurs, beta.gouv.fr a été une révélation. En plaçant l’usager au cœur et en développant un produit numérique de manière incrémentale et expérimentale, il a été possible de créer un produit numérique adapté et facile d’utilisation pour les agents territoriaux. Résultat : la fin du casse-tête et un gain de temps et d’énergie pharamineux.

Pour moi, la certification représente une valorisation professionnelle des compétences acquises lors de cette expérience. Passer de DGS à intrapreneuse de Startup d’État et de territoire n’est pas anodin ! Obtenir une certification permet de matérialiser mes missions. Le mode produit, l’agilité, le design, le développement web, le déploiement sont des compétences encore assez peu répandues dans le secteur public. Pour moi, disposer d’intrapreneurs formés et expérimentés représente un vrai atout pour l’administration.

Le parcours de Mathieu Fernandez, certifié en 2024

“Les infrastructures de transport : du physique au numérique”

Après l’école nationale des travaux publics de l’État, j’ai rejoint la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM) et j’y suis depuis maintenant plus de huit ans ! J’ai d’abord occupé un poste de chargé d’études dans la sous-direction chargée de gérer l’entretien et l’exploitation du réseau routier national. J’ai ensuite rejoint la mission innovation lors de sa création, où j’ai pu travailler sur divers dispositifs de soutien à l’innovation avant d’évoluer vers des questions davantage liées aux données et au numérique.

Au sortir de la crise sanitaire, j’ai constaté à cette occasion que rien n’existait pour disposer des différentes règles de circulation qui existent sur notre territoire, ce qui me paraissait pourtant essentiel ! En évoquant ce problème autour de moi, j’ai pu rencontrer Xavier-Yves Valère, avec qui nous avons décidé de lancer en 2022 une Startup d’État, “DiaLog.beta.gouv.fr”, permettant aux collectivités gérant la voirie de numériser leurs arrêtés de circulation.

Dès les premières étapes du travail sur “DiaLog”, j’ai été convaincu de la pertinence de la méthodologie proposée par beta.gouv.fr. Les projets de Startup d’État sont bien plus que des services numériques, ce sont des traits d’union entre le public qui les utilise et les administrations qui les portent. Être intrapreneur pousse à cultiver notre curiosité, j’ai énormément appris avec ce projet à la fois en poussant des portes parfois inattendues, et grâce à l’accompagnement du réseau beta.gouv.fr (et, en ce qui me concerne, celui de Stéphane Schultz, coach produit de la Startup d’État “DiaLog”).

Le parcours de Ariane Rose, certifiée en 2023

“Faciliter le déploiement de la fibre en accompagnant les communes pour construire un référentiel d’adresses mutualisé !”

Ingénieure télécom, j’ai travaillé au sein de la mission très haut débit pour aider les collectivités à déployer la fibre optique sur l’ensemble du territoire. Mon travail consistait à lever les freins au déploiement de la fibre. L’absence d’adresses sur le terrain en était un ! Cela n’empêchait pas de tirer des câbles ou creuser des tranchées, par contre au moment où la personne souhaitait s’abonner et réellement bénéficier du service, l’opérateur télécom n’arrivait pas à la retrouver.

En 2020, j’ai pu créer la Startup d’État “Bases Adresses Locales” qui accompagne les communes pour la mise à jour, quasi en temps réel, des adresses. Utile pour la fibre et pour plein d’autres usages : secours, GPS, démarches administratives… ! Un sacré défi relevé : aujourd’hui cette base de données de référence compte plus de 35 000 contributeurs ! La DINUM, et en particulier beta.gouv.fr, m’a permis de monter en compétences sur le mode produit, le déploiement, les aspects juridiques du service public de la donnée…

En devenant intrapreneuse, mon métier du quotidien a changé. J’ai pu recruter une équipe et porter la vision du produit : le défendre et pousser son adoption aussi bien auprès de toutes petites communes que de grands utilisateurs. La certification est tout d’abord une reconnaissance personnelle du travail que je mène au quotidien, mais aussi vis-à-vis de l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et plus largement. J’ai pu également faire découvrir le rôle d’un intrapreneur à mes collègues. Certains en sont d’ailleurs devenus eux-mêmes depuis !

Le parcours de Claudia Monteiro de Macedo, certifiée en 2023

“Pirate au service de l’intérêt général !”

Avant de rejoindre le ministère de l’Économie, j’ai travaillé chez BPI France où j’ai pu me familiariser avec des entreprises innovantes ainsi qu’un incubateur de la ville de Paris : Deeptech. Forte de cette expérience, j’ai souhaité rejoindre un secteur innovant au sein de la fonction publique pour accompagner ces entreprises.

J’ai eu l’opportunité de rejoindre la toute jeune start-up d’État “Portail RSE” en tant qu’intrapreneuse grâce à beta.gouv.fr. Mon rôle consiste à définir la vision produit, sa stratégie de déploiement auprès des entreprises, d’anticiper les besoins de financement et les priorités techniques.

Pour moi, la certification m’a permis de valider mes acquis de compétences pour l’avenir !

Le parcours de Elodie Briche, certifiée en 2024

“De la recherche au passage à l’action aux côtés des collectivités, de coordinatrice R&D à intrapreneur.”

Docteure en géographie-climatologie, je travaille depuis 15 ans sur les impacts du changement climatique sur les territoires et plus précisément sur les extrêmes climatiques telles que les vagues de chaleur. Depuis 2021, je suis coordinatrice Recherche & Développement en urbanisme durable. Grâce au Pôle Aménagement des Villes et Territoires de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), j’ai pu me lancer (sans vraiment savoir où cela me mènerait !) dans l’intrapreneuriat avec “Plus fraîche ma ville”. La Startups d’Etat “Plus fraîche ma ville” aide les élus et les agents à lutter durablement contre la surchauffe urbaine.

Concrètement, tout a commencé après la co-coordination du premier appel à communs “Résiliences des Territoires” de l’ADEME (2020-2021) avec Gabriel Plassat. Ce dernier m’a encouragée à suivre un programme d’innovation en interne : ADEME Innov’, où je me suis intéressée sur les problèmes liés au rafraîchissement urbain. Sur les conseils de mes collègues, j’ai présenté les ébauches de problèmes rencontrés par les collectivités pour mettre en place des solutions de rafraîchissement urbain à la direction interministérielle du numérique (DINUM). Le lancement d’une investigation a été validé, et nous avons démarré en juin 2022.

Pour moi, la certification est une reconnaissance objective de mon engagement personnel et professionnel dans la Startup d’Etat. C’est aussi un moyen de valoriser l’acquisition de nouvelles compétences numériques, un atout essentiel pour accompagner efficacement les collectivités face à l’urgence d’agir.

Les 8 compétences concernées par la certification vont de la capacité à réaliser un pitch à la réussite de la création d’un service numérique en passant par l’investigation, le prototypage, la phase de test, le déploiement, le financement et le management d’une équipe.

Pour postuler à la certification, les candidats doivent être intrapreneurs d’une Startup d’État avancée dans la phase d’accélération, dernière phase avant le transfert de la Startup d’État au sein d’une administration qui portera de manière pérenne le service. Après avoir déposé leur dossier, les candidats présélectionnés s’entretiennent pendant une heure avec un jury composé d’un responsable de portefeuille de Startups d’État et d’un intrapreneur ayant déjà reçu la certification. La procédure de certification prévoit une réponse sous un délai d’un mois. Deux sessions sont organisées par an, en novembre et en mai.

La DINUM attribue la certification « Concevoir un service public numérique au sein de l’État » par le biais de France compétences, unique instance de gouvernance nationale de la formation professionnelle et de l’apprentissage.

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